L’église NOTRE DAME a été
reconstruite à VEAUVILLE LESQUELLES au 19°s parmi des maisons de brique, silex et colombages avec de grandes toitures pentues témoignage d’une couverture passée en chaume.
Les châteaux et manoirs abondent
dans la région et VEAUVILLE LESQUELLES s’enorgueillit du château de Mathonville. Le bienheureux Thierry de Mathonville, moine de Jumièges, premier abbé de Saint-Evroult, était né au château dont il
porte le nom.
On dit que ce généreux CLERCY DE
MATHONVILLE a dépensé près de 100.000 francs de l’époque à l’embellissement de l’église.
Sur le mur extérieur de l'église
on peut lire : Cette pierre a été posée par Madame la Marquise de Clercy dame patronne de cette paroisse le 12 mai 1780 et par Monsieur l'Abbé de Clercy.
Le clocher est précédé d’un
fronton grec, en pierre blanche, supporté par quatre colonnes de granit, d’une jolie forme. Deux niches renferment saint Pierre et saint Paul, les gardiens de l’église. Le choeur et la nef forment la
croix, dont les bras montrent les chapelles de la Sainte-Vierge et des Saints-Anges.
Le principal ornement de
cette église est le maître-autel, du plus beau marbre noir et blanc que l’on puisse trouver. Le tabernacle, aussi de marbre, fermé avec une porte de cuivre, sert de piédestal à une grande statue en
marbre de Notre-Dame, patronne de la paroisse. A droite et à gauche sont deux anges d’albâtre.
Le sanctuaire est d’une belle et
noble simplicité. Le choeur est fraîchement orné, marbré dans ses murs comme dans ses lambris; le pavage est un échiquier noir et blanc
Le porte-christ est une
guirlande finement sculptée sur bois, dans le goût des porte-christs du XVIII° siècle.
Dans la nef est un tableau du CRUCIFIEMENT, de
l’école de JOUVENET.
Le baptistère est en marbre.
Dans le cimetière, près du
choeur, une petite pyramide est la tombe commune de MM. J.-P. et A.-L. de CLERCY, chevaliers de Saint-Louis et lieutenants-colonels, tous deux morts octogénaires, l’un en 1834, l’autre en 1842. Ce
dernier étant le bienfaiteur de l’église.
Sur les faces on peut lire :
- Pierre-Augustin de Clercy,
chevalier de Saint-Louis, chef de bataillon, décédé le 27 avril 1832, âgé de 75 ans. Sa mémoire est en bénédiction dans la paroisse de Veauville. Sa vie fut employée en oeuvres de piété et de
charité. Il fréquentait assidûment les sacrements et faisait une heure d'oraison chaque jour. Il aimait les pauvres et les visitait en personne; plusieurs fois on le surprit chargé de bois qu'il
allait leur porter à domicile.
- Aymard-Louis de Clercy,
chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel, décédé le 18 juin 1837, âgé de 82 ans.
- Jean-Baptiste de Clercy,
chevalier de Saint-Louis et du Phénix d'Hohenlohe, lieutenant-colonel, décédé le 8 décembre 1842, âgé de 87 ans. Il consacra une partie de sa fortune à la réédification et l'ornementation de
l'église.
Ce Jean-Baptiste de Clercy qui
habitait le manoir de Mathonville épousa Marie-Marthe Victoire qui était la descendante des Dupuis d'Arnouville propriétaire du château d'Arnouville à Ermenouville (photo
ci-dessous)
Monsieur de CLERCY DE
MATHONVILLE avait voulu que tout fût bienfait autour de lui. Il avait réuni, dans le même endroit, le cimetière, l’église, la croix, le presbytère, la mairie et les écoles.
Cette nouvelle église
remplaçait une ancienne qui devait dater du XIII° siècle, mais sans certitude absolue. Le clocher, entre le choeur et la nef, ressemblait à celui de Hautot-Saint-Sulpice. Il a été déplacé deux fois
depuis 1780. D’abord il fut mis au côté de l’église, sur la chapelle seigneuriale de Monsieur de CLERCY. Une inscription conserva quelque temps la mémoire de cette translation. Puis il a été mis au
portail dans le remaniement général de l’église.
Toujours, le seigneur a été
maître de l’église à VEAUVILLE-LESQUELLES. Au XIII° siècle, les héritiers d’un sire « de la Rivière », étaient patrons-présentateurs de la cure. Une des filles de ce gentilhomme ayant
épousé le seigneur de Hotot, porta le bénéfice dans cette maison. Aussi le sire de Hotot y présentait-il au droit de son épouse, lorsque RIGAUD rédigea son pouillé. Le bénéfice comptait alors 40
paroissiens et valait 40 livres au curé REMY. En 1738 il y avait 50 feux.
Cette église possède aux
archives historiques de notre département une liasse contenant des contrats, des titres de biens et de rentes, des baux et des parchemins du XVII° et du XVIII° siècle.
En 1820 le hameau
d’Attemesnil, actuellement sur le territoire de CARVILLE POT DE FER fut rattaché provisoirement à VEAUVILLE. La population passa à 600 habitants. L’église fut agrandie et transformée: les travaux
commencèrent en 1836 sous la gestion de l’abbé SAINT YVES.
En 1856 une nouvelle cloche
fut acquise. Elle pèse 850 kilos et fut baptisée Marie-Eugénie.
En 1883 le presbytère
endommagé fut reconstruit la même année.
En 1996 la restauration de
l’église commença par des travaux de remise en état de la toiture.
Toujours en 1996 un artisan ébéniste de Routes restaura le porte-christ qui sera remis
en place par Eric Langlois et Guy Selles.
VEAUVILLE est appelé VIAUVILLE dans EUDES RIGAUD, et surnommé
communément les QUELLES ou les ECHELLES. Le nom d’Echelles ou Equelles que l’on trouve si souvent au moyen-âge, et qui vit encore dans Ecales-Alix, Ecales-sur-Villers, Touffre-Ecalle, Foucard-Ecales,
etc., vient des barrières que l’on mettait autrefois dans les champs pour empêcher les bestiaux et les voitures de passer. Ce nom d’Escales rappelle l’ancienne famille d’Escales qui précèda les La
Rive, connus au XIIème et XIIIème siècles, et qui ont fourni des maires à la ville de Rouen.
C’est donc au château de
MATHONVILLE, selon toute vraisemblance, que naquit le bienheureux Thierry, premier abbé de Saint-Evrould. Moine de Jumiège dès son enfance, il était prieur de ce grand monastère sanctifié par le
bienheureux EVROULD et illustré depuis par ORDERIC VITAL. Ce fut un homme saint et savant; il édifia l’église actuelle au double point de vue spirituel et matériel. S’étant démis de sa charge en
1.057, il partit pour Jérusalem et mourut à l’île de CHYPRE, en 1.059, devant l’autel de Saint-Nicolas, en présence des religieux ses frères et ORDERIC VITAL en a fait le plus grand éloge dans son
HISTOIRE. C’est lui qui nous apprend qu’il était Normand de naissance et du pays de Caux. « B. Theodoricus de Mathonvillâ, natione Normannus, ex Calogiensi provinciâ oriendus. » (cf
Neustria pia, page 97).
Thierry de Mathonville devait
donc être le fils du seigneur du lieu. On ne sait rien d’autre avant qu’apparaisse à Veauville Pierre de Clercy dont le père, Charles, était en 1503 seigneur de Bornanbusc, près de Goderville,
plain-fief de haubert tenu du roi.
Pierre de Clercy eut trois
fils, Guillaume, Vivien et Pierre, et c’est du mariage du second avec Louise de Rély que sont issus Charles et Jacques de Clercy.
On suppose que Jacques fut
l’auteur d’une partie des constructions du château de Mathonville : une partie basse utilisant largement le grès de la région est bien de cette époque. La partie haute du château, en briques,
correspond à une réfection du XIXème siècle. Les douves ont disparu, mais un charmant pavillon servant de remise est particulièrement remarquable comme témoin d’une époque où fleurissait la pierre en
bossage mise en valeur par une jolie couleur de la brique.
La vue, du coté de la plaine,
porte loin, et deux petits pavillons (il n’en reste qu’un) encadraient cette longue perspective. Le colombier et d’autres petites constructions apportent un charme qui atténue l’impression
d’austérité dû au grès. Du belvédère aménagé dans l’amusant clocheton édifié au-dessus de la toiture, certains disaient qu'on peut apercevoir la mer, à quatre lieues; mais nous en
doutons.
Né du mariage de Jacques
de Clercy avec Anne Auber de Vertot, Jean de Clercy épousa Suzanne Quesnel et eut plusieurs enfants : François fut seigneur de Vertot et de Mathonville. Jean-Baptiste, qui lui succéda, épousa en
1718 Catherine Paon de Baudribosc, et ce sont leurs armoiries accolées qui timbrent la porte de la petite église de Baudribosc. De leurs trois fils, deux moururent des blessures reçues à la bataille
de Minden, en 1759. Le troisième, Jean-Baptiste-Louis de Clercy, épousa Anne-Françoise de Vaudretz qui lui donna cinq enfants, dont quatre furent chevalier de Saint Louis, comme le rappelle la
pyramide élevée à droite de la porte de l’église de Veauville. L’aîné Jean-Baptiste-Philippe, épousa en 1785 Marie-Marthe-Victoire du Puy d’Arnouville et se fixa à Ermenouville dont il devint maire
sous la Restauration. Son fils, Charles-Eugène de Clercy, épousa en 1810 Marie-Aimée-Claire de Caumont, née au château de Derchigny que sa mère Marie-Charlotte de Clieu (petite fille de Gabriel,
gouverneur de la Guadeloupe) avait apporté au comte de Caumont. De leurs sept enfants, seuls deux eurent postérité : Mme de Malartic, grand-mère du comte de Montalembert, ancien vice-président
du Sénat dont il fut longtemps le doyen, et Henri-Charles de Clercy dont la fille fut Mme de Beaunay
La liaison entre le
château de Silleron à ANGIENS et le château de Mathonville à VEAUVILLE-LES-QUELLES : A l'origine de la lignée des de CLERCY on trouve
Pierre de CLERCY, Ecuyer qui vivait en 1331. Ses descendants successifs nous amènent à Vivien de CLERCY, Ecuyer, Sieur de Silleron à Angiens, Grand maître des Eaux et Forêts du duché d'Estoutteville
qui se maria le 19 août 1565 avec Suzanne DUVAL (fille de noble homme Antoine du VAL, Seigneur de Baigneville et Vertot, et Marie LE PORCHIER). Un de leurs fils Jacques de CLERCY se maria le 1 mars
1609 avec Anne AUBER (fille du sieur AUBER, Seigneur de hénouville et de Ne d'HERBOUVILLE). Un de leurs trois enfants est Jean de CLERCY, Ecuyer, Seigneur et Patron de Veauville Lesquelles, Vertot,
marié le 20 octobre 1641 avec Suzanne QUESNEL, (fille de N. QUESNEL, Seigneur d'Iquelon et Prudence de PARDIEU)
Voici le château de Silleron à
ANGIENS :
En l'année 2000 la famille DE
FLERS racheta le château de Mathonville et entama des travaux de restauration bien nécessaires.